Western Love T01 – Lisez l'interview d’Augustin Lebon
Avec sa nouvelle série Western Love, Augustin Lebon dépoussière le genre du western qu’il maitrise déjà à la perfection avec son approche young adult.
Ses héros, Gentil et Molly, vont vivre une aventure qui sent la poudre, la fureur, la vengeance mais avec cette pointe de romance qui fait toute la différence. Découvrez comment l’auteur a construit et organisé ce petit monde dans une interview qui lui est dédiée.
Western Love marque votre retour au genre. Qu’est ce qui vous plait tant dans le western ?
Augustin Lebon - Vaste question ! Les grands espaces, les archétypes de personnages, les couleurs...c'est un ensemble de choses.
Quand j'étais enfant, j'ai hérité des playmobils cowboys de mes deux grands frères (c'était à la mode à l'époque). Je passais des heures à installer des villes entières, je faisais des canyons avec des livres, des planques de hors-la-loi dans les meubles... Je pense que c'est quand j'ai arrêté de jouer aux playmobils que je me suis vraiment mis au dessin !
Ensuite, j'ai découvert les films de Sergio Leone, et plus moyen d'en sortir ! Comme je le dis parfois, je ne fais pas du western parce que je suis auteur. Je suis auteur pour pouvoir faire du western !

Vous êtes seul aux commandes cette fois. Quelles ont été les difficultés et les bonnes surprises de l’exercice ?
Pour Résilience, ma précédente série, j'avais déjà endossé le rôle de scénariste et les difficultés ont été nombreuses !
Raconter une bonne histoire, avec un bon rythme et des personnages attachants, ce n'est pas si simple ! J'ai beaucoup appris sur ces quatre tomes. Cela m'a permis d'être plus serein cette fois-ci. Je n'ai pas ressenti de difficultés supplémentaires, au contraire ! J'ai adoré pouvoir jongler avec toutes les étapes de travail. Moi qui me lasse vite, cela me permettait d'être à mon rythme, de varier les outils, et de garder un maximum de plaisir (car, même si c'est un métier formidable, faire une bande dessinée est un sacré marathon, et on peut vite s'épuiser).
C'est la première fois que je m'occupe des couleurs d'un album entier, j'étais donc un peu inquiet au départ, mais je suis très content du résultat. Cela m'a permis d'être au plus proche des personnages et de leurs émotions, c'était important pour ce projet.

Comment camper une héroïne en évitant les clichées du genre ?
Question piège ! Je ne pense pas éviter tous les clichés, j'essaye plutôt de m'en amuser quand il y en a, et de ne pas trop me prendre au sérieux. Pour Molly, j'ai essayé de voir l'histoire à travers ses yeux. De comprendre ses sentiments et son histoire, pour qu'elle ne soit pas qu'une coquille vide. En réalité, je l'ai simplement traitée comme mon héros.

Mais je dirais que le plus important pour créer une héroïne, ce sont les personnages féminins secondaires. Cela amène de la variété et de la nuance, que ce soit dans les physiques ou les caractères.
Il existe une longue tradition du western en BD. Vous en avez tiré des références, des inspirations, des modèles ?
Oui. Ado, la première BD que j'ai acheté avec mon petit argent, c'était le tome 1 de Durango « Les chiens meurent en hiver ». J'ai été marqué à vie par cette série, elle m'influence donc naturellement dans mon travail. J'aime beaucoup certaines pages couleurs de Sophie Lafon, notamment, très proches des ambiances de westerns spaghettis que j'adore. J'ai quelques albums noir et blanc que je feuillettes aussi régulièrement, de Boucq, Giraud, Hermann, Derib, Jigé... Mais je ne me limite pas aux westerns, Régis Loisel, Vincent Mallié, Simon Andriveau, Bruno Gazzotti, les couleurs de Cerise... J'ai beaucoup trop de références ! Haha !
En tant qu'auteur, c'est une chance incroyable de pouvoir s'appuyer sur autant de talents !

Les classiques du western en BD sont peut-être un peu datés. Le fait d’en faire un récit plus young adult est une façon de rajeunir le genre ?
J'ai d'abord voulu raconter un western qui me plairait à moi, en tant que lecteur. Je trouve que les westerns manquent parfois d'émotions et de sensibilité. Cette espèce de virilité excessive du genre a fini par me lasser. Les grosses brutes qui se tapent dessus, c'est bien, mais c'est parfois un peu limité.
Faire une romance assumée m'a paru une bonne idée pour renouveller un peu le genre, et très égoïstement, c'est ce qui me plaisait à dessiner (quelques câlins au milieu des fusillades, ça ne peut pas faire de mal au crayon !).
L'aspect young adult vient sans doute aussi du ton assez léger. Il y a beaucoup d'humour, je voulais un album lumineux, qui tranche avec les westerns actuels toujours très sombres et pessimistes. Si je peux faire oublier le quotidien pendant une petite demi-heure aux lecteurs et lectrices, ça serait une belle récompense !

Savez-vous déjà quelle trajectoire vont prendre vos héros ou laissez-vous vous porter au fil de vos envies ?
J'ai toujours dix scénarios d'avance dans ma tête (il faudrait que je dessine plus vite!), donc oui, je connais la trajectoire de mes héros. Ceci dit, je me laisse des espaces de liberté pour ne pas figer l'histoire.

Ce tome 1 se concentre sur la rencontre de Gentil et Molly, le second tome racontera leurs premiers pas de jeune couple. Ils ne se connaissent pas encore réellement, et vont affronter une situation délicate, qui mettra à l'épreuve leur toute nouvelle relation...
D'ailleurs, je vais vite les retrouver sur mes planches, j'ai encore du travail !